1/22/2009

un peu de sérieux

Oui, un peu de sérieux aujourd'hui, la débauche c'est fini (t'as le droit de rester quand même hein).
Aujourd'hui, une note particulière, pour une journée (et une personne) particulière.


Aujourd'hui, j'avais architecture. Comme d'habitude, me direz-vous. Oui, mais aujourd'hui, c'est différent.

Pour plusieurs raisons.

Nosu sommes censés travailler en binômes. Ma binôme m'annonce hier soir qu'elle a l'enterrement du frère d'un ami aujourd'hui. Bon, je comprends. Elle me dit qu'elle sera là entre midi et 15h grand maxi. Ok, ok. J'avancerai le boulot qui reste en attendant.
Mais en fait, elle est arrivée à 19h, j'avais évidemment tout fait toute seule, du coup...

J'étais furieuse environ toute la journée à devoir me taper tout le boulot, malgré le fait que je comprenne qu'un enterrement tu n'y fais pas ce que tu veux. Et que c'est toujours une étape difficile. C'est juste simplement le principe qu'elle me promette qu'elle reviendra tôt alors que non.

Mais bon, j'ai pu vite me refroidir l'esprit.
J'étais donc bien vénère, même si je comprenais. J'arrive en archi, je me pose et commence à finir ma maquette, après avoir passé la nuit et ma matinée sur les différents plans et coupes.
Et là, j'entends quelqu'un crier le nom d'une fille de la classe. Je lève le nez, et cette demoiselle était en train de serrer la lame d'un cutter dans sa main. De plus en plus fort. La prof tente de lui dire d'arrêter, elle ne veut pas. "Mais ça fait pas mal!!!"
...
La fille qui présentait son travail se sent mal et sort en pleurs.
La prof dit à la demoiselle du cutter d'arrêter, ses copines aussi. Et tentent de la raisonner "arrête tu nous fais peur".
"Mais pourquoi ça fait pas mal j'vous dis! Vous êtes des tapettes ou quoi?"
La prof très diplomate "tu sais, chacun a une sensibilité différente, etc etc". Discours d'architecte...
Elle finit par balancer le cutter sur la table.
Entre temps, je vais prendre des nouvelles de l'autre fille, pensant qu'elle allait pas bien car je supposais que c'était l'idée du sang qui l'avait faite se sentir mal.
Comme elle était déjà entourée de 6 ou 7 personnes, je n'ai pas insisté (juste proposé des gateaux).
Elle revient finalement et finit sa présentation.
Et repart en pleurs.
Après prise d'information, elle venait d'apprendre que sa mère était aux urgences, pour une raison inconnue.
Je me sentais désemparée, j'étais triste pour elle, et je voulais tellement l'aider... Mais je ne pouvais rien faire. Rien.
J'ai pris des nouvelles d'elle ce soir, elle allait un peu mieux. Mais je n'ai pas pu savoir comment va sa mère, car ce sont des infos par l'intermédiaire d'une amie à elle. La fille en question, je ne la connais que très peu.

Quoiqu'il en soit, après ça, ambiance dans la salle.
Pour rajouter une couche, la demoiselle au cutter déambule dans la salle, se casse à moitié la gueule et a une tête à faire peur.
Elle est complètement ivre.

Je commence ma présentation, et on aurait dit qu'elle allait vomir... Elle finit par venir écouter sagement ma correction. Elle fait une remarque à un moment, elle sent l'alcool à 10km. Ne la connaissant pas trop, je demande à ses copines si elle va bien. Non elle ne va pas bien, a séché la plupart de ses partiels cette semaine, ou a rendu copie blanche.

Ca fait depuis septembre qu'elle fait ses crises de nerfs régulièrement. Une fois notamment, elle faisait une présentation devant la classe, s'est arrêtée en plein milieu d'une phrase... Et s'est barrée.
Pour pleurer.
Et n'est jamais revenu en classe...

Et lorsqu'elle a présenté son travail après moi, elle a fait la même chose.
Une nouvelle fois, je ne la connais que peu, et même ne l'apprécie pas particulièrement (voir pas du tout), et pourtant, j'ai le sentiment qu'il faut que je l'aide. Je demande des nouvelles à ses amies plus tard. Et leur dit de lui conseiller le BAPU (Bureau d'Aide Psychologique Universitaire, c'est là où je vais pour ma psy, et c'est GRATUIT pour tous les étudiants.... - mailez -moi si vous voulez plus d'info).
Je ne peux pas le lui conseiller moi même directement. Car elle est ivre, mais également parce qu'elle refuse toute aide, et que plus on insiste et plus elle s'énerve. Inutile d'insister, ses copines confirment ma théorie.
C'est atroce de se sentir si impuissante, j'aimerai tellement l'aider. Malgré qu'elle ne soit pas mon amie, malgré que je ne sois pas la sienne, et qu'elle ait pu me juger et parler sur moi par rapport à pleins de choses. Malgré tout ça.
Toujours, quand je vois quelqu'un qui ne va pas bien, qui que ce soit et de quelque manière que ce soit, je veux aider. Mais ne sait quasiment jamais comment.
J'ai pensé à m'engager dans des associations type Croix Rouge (j'ai mon AFPS), mais ai peur des répercussions psychologiques le jour où je tombe par exemple sur un suicidé.... Car ça me rappelle de mauvais souvenirs. La preuve :

Ma copine revient de son enterrement et m'en parle. Elle est encore toute émue et a les larmes au yeux. On en parle.
De vieux souvenirs me reviennent. Toujours ces mêmes souvenirs.

Matthieu. Mon tout premier et quasi seul ami français à Melbourne. Nous nous sommes rencontrés lors de mes tous premiers jours là bas, avons fait parti du même groupe de potes, ces potes que je n'oublierai jamais, de ces potes avec qui tu restes ami à vie.
Il s'est suicidé là bas. Quelques semaines après que nous soyons partis à 6 dans une voiture en road trip to Sydney.
J'étais anéantie. J'y repense encore, et mes crises d'angoisses sont souvnet dûes à des pensées pour lui. (j'en avais parlé sur ce blog, au tout début lorsque personne me lisait... , )
En en reparlant avec ma copine, la douleur est remontée dans la gorge, et je me suis forcée à ne pas pleurer. C'est elle qui souffrait à ce moment, moi je souffre encore, mais j'ai déjà fait mon deuil.
Il n'empêche que.

Enfin bref.

Quoiqu'il en soit, cette journée a été dure.

Mais bizarrement, en rentrant d'archi, je me suis sentie plus heureuse d'être en vie que jamais.
J'étais heureuse d'être là, tout simplement.

J'ai croisé un mec avec une béquille et un sac, et je lui ai proposé de l'aider. Il était tout surpris. Je l'aurai aidé de toute façon (je le fais à chaque fois que je vois quelqu'un qui galère dans le métro par exemple), mais ce soir, ça avait une signification encore plus forte que d'habitude.

Ce soir, simplement, je suis heureuse de vivre.

Mais je meurs de ne pas pouvoir aider comme je le voudrais.

Avec Matthieu, j'ai et je crois que j'aurai toujours ce sentiment que j'aurai pu être plus présente, lui prouver qu'il était vraiment quelqu'un de bien à mes yeux.
J'aurai pu.

Mais c'est le souvenir de sa force de caractère qui me fait me sentir bien ce soir. Il n'aimait pas les gens qui se plaignent pour rien.


Une pensée pour Matthieu, toujours.
Nous n'avons pas eu le temps d'être de vrais amis proches, mais je ne t'oublierai jamais.
Tu étais et tu resteras à jamais un modèle.

Edit de 1h du mat' :
Tout ça me trotte dans la tête, je n'arrive pas à dormir, malgré ma quasi nuit blanche de la nuit passée.
Je pleure, les idées tournent et retournent dans ma tête, sans cesse.
Ces sentiments d'impuissance et de culpabilité m'étouffent.
Mais je reste heureuse d'être là, d'avoir ce que j'ai. Dont Raoul à mes côtés. Heureusement qu'il est là, lui...

5 commentaires:

Douce-Exigence a dit…

Il est très émouvant ton article. Tu as l'air d'être quelqu'un de très généreux, c'est assez rare de nos jours... Chapeau bas à toi :)
Et merci aussi d'écrire sur des sujets qui portent à reflexion

Anonyme a dit…

J'avais lu cet article concernant ton ami , quand je lisais tes archives l'autre jour...Et cet article aujourd'hui me touche tout autant.... Je pense que à notre époque y'a trop de gens qui se fichent royalement de l'état des autres... Comme dit D-E des gens comme toi ca ne se croise pas à tous les coins de rues... Maintenant malheuresement je crois que y'a des gens qui ne veulent pas être aidés.... Courage à toi en tout cas

anyia a dit…

@ Marine et Callie : c'est gentil... Mais je ne suis pas encore généreuse autant que je le voudrai! J'ai souvent des réactions égoistes dont je ne me rend pas compte, et quand je réalise (souvent après), j'ai honte. Croyez-moi, ça arrive plus souvent qu'on ne pourrait croire ^^.

Anonyme a dit…

Bin moi je l'aime pas.

Anonyme a dit…

(mon commentaire précédent allait sur l'article de vicky-becky -_-" sorry.)

J'savais pas tous les "détails".. bin ptain ça met la boule au ventre.. :/