4/16/2008

La mort, c'est un peu comme une connerie. Le mort, lui, il ne sait pas qu'il est mort. Ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c'est pareil.

Aujourd'hui, je suis confrontée à la dure réalité de la vie.
OU plutôt de la mort.
Un de mes amis proches que j'ai rencontré ici en australie, M, s'est suicidé lundi.
J'ai appris ça hier soir.
J'évolue entre impossibilité d'y croire, incompréhension, culpabilité.
Comment ai-je pu être aussi aveugle.
Comment se fait-il que personne n'ait vu son désespoir, sa détresse.
Je ne peux pas croire qu'il est mort, je ne peux pas.
Il n'avait que 24 ans. Il ne peut pas être mort, il ne peut pas, il n'a pas le droit.
Une amie lui a parlé vendredi, il avait l'air fatigué, mais il a beaucoup de travail pour ses cours.
Donc elle a cru que c'était ça, et ne s'en est pas plus souciée.
Son dernier message a été mis sur facebook, lundi à 8h30 du matin :
"Matthieu is disappointed".
Je ne peux pas croire qu'il soit mort.
Je le revois encore rouler ses clopes dans la voiture pour sydney, boire son verre de whisky en rigolant avec salvador et dominik.
Sortir des blagues en anglais.
Appeler sa copine.
Fumer sa clope en regardant la mer.
courir sur la plage pour faire peur aux mouettes.
Se marrer en voyant Mario bourré.
aider Mario à conduire sur le chemin du retour.
Dormir sur mon coussin tour de cou spécial voyage.
Critiquer l'accent atroce de Dominik.
M'appeler pour savoir comment je sais qu'il est allé au musée avec Anna.
Gérer l'organisation du voyage pour sydney.
Rouler sur son vélo.
Se balader avec son énorme sac à dos de voyage sur le dos.
Et j'en passe.
Qu'est-ce qui a pu faire qu'il soit aussi désespéré?

Face au suicide, on est tous impuissant.
J'ai reçu des mails de ses amis, personne ne comprend, c'est l'incompréhension totale.
Comment peut-on être aussi désespéré pour vouloir mettre fin à ses jours comme cela...
Je ne sais toujours pas comment et pourquoi, et je n'en peux plus de ne pas savoir.
J'ai passé la nuit la plus horrible de ma vie.
Je ne faisais que penser à lui. Pourquoi, pourquoi, pourquoi.
On aurait dû voir, on aurait dû pouvoir le soutenir.
J'ai rêvé de la mort, qu'elle m'emportait moi aussi, et que je n'y pouvais rien. Et j'avais une peur atroce dans le ventre. J'ai rêvé de la tristesse des autres, de la douleur de son entourage.
Je l'ai vécue, à la place de chacun, successivement.
Et son colocataire qui l'a découvert... Ca doit être horrible de vivre dans la même maison qu'un mort. De l'avoir découvert. ces images doivent le hanter...
Je n'ai pas la force d'aller à sa maison. Certains me l'ont suggéré, je ne peux pas. Je n'en ai pas la force. Je ne peux pas imaginer faire tout le trajet en tram jusqu'à sa maison, sentir l'odeur de sa maison, voir sa chambre... Non, impossible.

Je suis perdue, je veux savoir. Et je ne pourrai même pas aller à son enterrement, vu qu'il se passera en France...
J'espère qu'ils organiseront quelque chose ici, en sa mémoire.

La vie est injuste.

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