9/18/2008

Pensées

De retour à Paris.
J'essaie de profiter. J'aimais ces moments où je prenais une bonne et profonde respiration et profitais de la rue.
Mais là, rien. Un immonble morne à ma gauche, un parc avec des jeux d'enfants vides à ma droite.
Pas de beaux paysages, pas de nouvelles vues.
Rien.
Déception.
Je prends le métro, direction l'école d'architecture.
Une heure de métro et quelques chapitres du livre Sex And The City (en anglais) je lève le nez.
Je regarde les gens : blasés, soulés, voir même tristes.
Pas un seul ne sourit, pas un seul n'a un visage serein.
TOus attendent que ça passent. Quoi? La vie, le temps, les évènements...
Ils croient dans le futur, mais ne s'occupent pas du présent.
Je tourne la tête, et regarde les gens attendant sur le quai. Qu'ont-ils en tête? A quoi pensent-ils? Ils paraissent tellement préoccupés, tous...
J'arrive à mon arrêt.
Je sors. Paysage morose, triste. Une rue sale, très sale, c'en est choquant. Des gens pauvres; tristes, énervés, voir les trois en même temps.
Toujours rien pour profiter, rien pour prendre cette profonde bouffée d'air et me sentir mieux. Le malais monte.
Ecole d'Architecture de Paris La Vilette.
J'attends pour mon inscription. Longtemps. Je regarde autour de moi, toujours. A la recherche d'une lueur d'espoir.
Des étudiants nonchalants. Des murs sales et souillés de graphitis. Une salle sombre. Des ordinateurs sans âge.
Un groupe de 2e année, double cursus comme moi. J'écoute un peu leur conversation. Que de futilité. Ils espèrent encore trop. Ils vont en baver, mais l'ignorent encore.
Laissons-les dans leur ignorance, tant qu'il en est encore temps.
Ils croient que tout leur est dû, et se permettre même de doubler un étudiant là avant eux qui ne proteste qu'à demi mot.
Je le défend, il passe.
La force du nombre, la force du milieu social. Une dizaine de fils d'ingénieurs, de fils de médecins, de fils d'avocats face à un fils d'ouvrier, noir de surcroît.
Je ne les supporte plus, ces gens imbus d'eux, juste à cause de leurs origines sociales, juste parce qu'ils sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
8 mois d'exil m'ont changée et m'ont ouvert les yeux. Et une seule chose revient à mon esprit, sans cesse, comme une obsession : repartir.
Mon tour de m'inscrire arrive. On m'apprend que je suis considérée comme redoublante. Ils n'ont pas pris en compte mon semestre en Australie.
Ce semestre qui a bouleversé ma vie, mon existence, le plus profond de mon être.
Je les hais déjà pour ça... Mais après tout, l'administration est ce qu'elle est.
Par chance, le jeune homme en face de moi est agréable, et force l'inscription, en me disant de régler le problème avec l'administration de l'école et/ou avec l'ESTP.
Administration de l'école fermée, évidemment... Tant pis. Ca se réglera avec l'ESTP comme intermédiaire.
Je reprends mon métro, dans l'autre sens. Je voulais manger avec Raoul, mais avec tous ces aléas, j'ai perdu trop de temps. Je ne pourrais pas aller le voir. Tant pis. Il n'a pas l'air bien déçu de toute façon, vu qu'il est avec son père, qui repart à la Réunion samedi.
Me revoilà dans le métro.
Je m'assois, tourne la tête. Je tombe sur mon reflet.
Yeux vides, tristes, fatigués, cernés à l'infini. Je suis pâle. Est-ce la lumière du métro? Elle amplifie peut-être, mais ne fait pas tout...
J'ai les larmes qui montent. Ne pas pleurer. Ne pas craquer.
Je me retiens, en tentant de me persuader que ce n'est qu'une passage et que tout va aller mieux bientôt.
Mais je sais au fond de moi que plus rien ne sera jamais comme avant.
Je suis condamnée à être une éternelle exilée. Plus chez moi à Paris, jamais complètement chez moi à l'étranger. Toujours un vide.
Il me manque un petite quelque chose en Australie, mais à Paris, je ne suis qu'un grand vide, l'ombre de moi-même.
Un jour, j'y retournerai,là-bas chez les kangourous, pour me retrouver moi-même.




J'ai écrit ce texte dans le métro en début d'après midi. La fin de la journée fut atroce : j'ai pas mangé ce midi à cause quede cette inscription à mon école d'archi (j'ai acheté un sandwich, mais il s'est avéré dégueu, résultat il a finit à la poubelle). Ensuite, j'ai déménagé encore et ai monté des meubles ikéa avec mon père, pour me rendre compte qu'il est bien plus gros que ce que je pensais (j'ai un doute quand à l'adéquation avec ce qui était en rayon, je vais aller vérifier demain).

Je suis en plein craquage aujourd'hui, j'en peux plus.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

oh là là courage!!!
tu es en archi c'est ça alors??? quelle année!!


Bonne rentrée!!

anyia a dit…

en fait, je fais un double cursus ingénieur architecte pour avoir les 2 diplômes à la fin. Donc j'ai des cours à l'école d'archi et des cours à l'école d'ingé... Et 2 fois plus de boulot. Youpi.

Anonyme a dit…

En même temps c'est l'hiver qui commence (oui oui...), pour certains le boulot qui reprend après quelques chaudes vacances, je doute que ça mette de la joie dans le cœur de quiconque.

Anonyme a dit…

C'est vraiment très bien écrit, ton petit texte "spleen sur le vif dans le gris de la RATP". Sincèrement, personnel et touchant.
Même si sur le fond je ne suis pas d'accotrd sur tout mais promis, j'arrête de le dire. et puis c'est ton blog, ce son tes impressions qui doivent ressortir !

Sinon, pour revenir sur la fin, au niveau de la syntaxe, la proposition "pour me rendre compte qu'il est bien plus gros que ce que je pensais " se rapporte à ton père.... mais si je ne pense pas que ce soit ce que tu voulais dire !!!

Non, de rien, vraiment, j'aime bien te taquiner un peu...

Anonyme a dit…

... Et désolé pour les fautes !
( ce sonT...impardonnable, même si j'écris en faisais autre chose)

Unknown a dit…

Dur de revenir, hein !!
J'ai connu ça après un court "exil" d'un mois et demi. L'envie de partir me démange et j'essaie de faire en sorte d'avoir un boulot qui me permette de voyager, du coup !
Revenir à paris en plus, psa facile ! Par contre, c'est quand même uen très belle ville, d'un point de vue architecture. J'aime beaucoup le quartier de la Villette (quartier d'Amnesty International, arrêt Colonel Fabien il me semble^^^). Ce qui est gênant c'est qu'il 'ny a pas d'endroit calme ou solitaire. Pour une provinciale comme moi, qui habite en maison avec grand jardin, respire le silence à tout moment, c'est dur à supporter ... :-P
Mais il te reste quoi, un an ou deux à faire ? Ca ira vite.. En plus avec ton Raoul ♥

Au fait je voulais juste dire qqc. Tu fais un double cursus, ce n'est vraiment pas simple, et apparemment tu valides les deux cursus en même temps. n'est-ce pas là une preuve suffisante que tout n'est pas perdu chez toi ? :)
Certes ce qui est scolaire n'est pas tout, mais tu as bcp du reste aussi (pour ce que j'en lis)!
Bisous et bon courage avec ce spleen.

Anonyme a dit…

C'est en lisant des textes comme le tien que mon idée de rester dans le sud se conforte même si je galère un peu beaucoup. En tout cas courage, pleins de bises cheveux rouges. Et la prochaine fois que je viens à Paris, on se verra avec Mariam. @ +++

Anonyme a dit…

Anyia, ne te décourage pas.
J'ai les mêmes impressions que toi. Ca fait que maintenant, dans les transports, je ne lève plus la tête : je lis. Et quand c'est drôle je rigole toute seule. Et je sens que les gens autour de moi me regarde bizarrement. Une seule chose à dire : OSEF !!

Vis ta vie pour toi, pas pour les autres.
Quant aux cernes, c'est normal : tu fais plein de choses et tu es fatiguée, en plus t'as traîné un rhume je sais pas combien de temps.

Va faire du cheval !! Allez dép^éche toi !! Moi j'y vais dimanche matin j'ai trop hâte !!

Bisous miss et bon week-end ;)

anyia a dit…

@ melle Crapaud : tu sais, ce double cursus je le fais un peu par défaut... Je sais toujours pas ce que je veux vraiment faire dans la vie, du coup j'ai choisi le truc qui me fait le moins chier et qui m'ouvre le plus de portes. En tout cas, j'espère bien que tout n'est pas perdu pour moi, j'ai que 21 ans quand même...

@ PJ : oui, viens viens!

@ crevette : ce week-end, ce sera dada à fond ;)